Des dispositifs nés à Nantes comme #Négotraining, Planet'RSE ou la Plateforme RSE aident les entreprises et les salariés en faveur d'une démarche plus responsable. Ils font aujourd'hui des émules dans d'autres villes françaises et font de Nantes un terreau propice à l'accueil d'entreprises à impact positif.
Comment mieux associer les salariés aux décisions, réduire ses émissions de gaz à effet de serre, limiter le gaspillage, travailler en circuit court sur son territoire, intégrer les travailleurs handicapés ou les migrants ? C’est pour accompagner les entreprises dans les réponses à ces questions que Nantes Métropole a mis en place dès 2010 une plateforme RSE - pour Responsabilité Sociétale des Entreprises. S’il s’agissait au départ de faciliter le dialogue social dans l’entreprise, les enjeux de la responsabilité sociétale des entreprises sont multiples et prennent tout leur sens à la lumière de la crise sanitaire actuelle. Pour sa 3e édition le 10 décembre 2020, l’événement Social Change sera l’occasion de diffuser encore plus largement les bonnes pratiques mises en place par les entreprises nantaises.
Un territoire pionnier et des acteurs engagés dans la RSE
« Ici, il y a eu assez tôt une prise de conscience des acteurs économiques. Dans le sens où une entreprise ne pourra pas rester performante si elle n’intègre pas les enjeux RSE. A Nantes, ce sont les réseaux d'entreprises (DRO, CJD, Medef…) qui ont été moteurs dans le développement de la RSE », rappelle André Sobczak, vice-président de Nantes métropole, en charge de l’Emploi, de la RSE et des TPE-PME. Ces réseaux d’entreprises, rapidement rejoints par des syndicats, associations, académiques, institutionnels, ont sollicité la métropole pour fédérer et coordonner la dynamique. « En effet, l'acteur public peut jouer un rôle important, notamment à travers une commande publique responsable ambitieuse. Nous avons à Nantes cette facilité à travailler ensemble, acteurs publics et privés ».
Une capacité à travailler ensemble que traduit la mise en place de la plateforme RSE lancée en 2010 qui rassemble aujourd’hui une soixantaine de réseaux sur la métropole. « L’esprit de la plateforme est d’accompagner les nombreuses initiatives et de recenser l’ensemble de l’offre publique-privée disponible sur le territoire pour améliorer la démarche RSE des entreprises », explique Karine Gingreau, responsable Stratégie RSE à Nantes Métropole. Une démarche innovante qui a contribué à l’attribution par la Commission européenne à Nantes du prix « Capitale de l’innovation 2019 ». Il s’agit en effet de la seule plateforme en Europe à être pilotée par une collectivité et animée par des ambassadeurs de tous horizons. Depuis sa création, ce sont en moyenne plus 600 événements/an qui ont été organisés via la plateforme et plus de 150 bonnes pratiques rédigées. Des chiffres qui ne font que progresser à l’aune de la crise actuelle, la responsabilité sociétale des entreprises étant considérée comme l’un des principaux leviers d’action. « En effet, sur ce territoire très engagé, beaucoup d'acteurs appellent à refonder l 'entreprise sur la base d’un modèle économique durable, prenant mieux en compte les question sociales, environnementales en lien avec les enjeux du territoire », souligne la responsable.
A Nantes, des dispositifs qui essaiment à l’échelle nationale
Télétravail,
numérique responsable, marque employeur, … des modules de
sensibilisation ou d’accompagnement pour se former à ces thématiques
sont mis gratuitement en ligne sur le site pour les entrepreneurs ou les
salariés. Parmi ces dispositifs, deux ont déjà fait des émules à
l’échelle nationale :
- #NégoTraining, dispositif qui forme les
femmes à la négociation salariale. L’idée est partie du constat que
l’écart de salaires entre femmes et hommes est aujourd’hui équivalent à
25% en France. Forte de ce constat, et soucieuse d’avoir un impact sur
les entreprises et la société, la chaire RSE de l’école de management
Audencia s’est associée aux réseaux de femmes et aux acteurs publics et
privés de la Plateforme RSE de la métropole nantaise pour créer en 2017
le dispositif #Négotraining. Cette formation à la négociation
salariale, gratuite en ligne, animée par des expert.e.s de l’égalité
professionnelle et membres de la société civile (DRH, dirigeant.e.s,
syndicats de salarié.e.s), a fait ses preuves : elles seront 3000 femmes
à avoir suivi cet atelier fin 2020. Depuis sa création, le dispositif a
essaimé à travers 15 villes en France dont Lille, Bordeaux, Toulouse,
Paris et Marseille notamment.
- Planet’RSE, association qui accompagne les PME dans leur démarche RSE.
L’objectif de départ était d’intégrer la RSE, au même titre que d’autres
critères comme le prix, dans les critères de choix des candidats aux
appels d’offres publics, afin de donner plus de poids aux entreprises
qui s’engagent vraiment en faveur du développement durable. De cette
ambition, naît en 2014, l’association Planet’RSE, qui a pour objet de promouvoir la RSE des entreprises et des organisations. A ce jour, ce sont 94
audits qui ont été réalisés, à partir de 50 critères. Un succès qui explique la réplique du dispositif Planet’RSE dans
deux autres villes françaises, à Toulouse et à Troyes.
« Des mutations profondes qui imposent de changer de modèle économique »
«
Ce sont des transformations profondes pour les entreprises qui
nécessitent souvent des innovations. Or, plus on confronte ses idées,
plus on a des chances de trouver des solutions nouvelles. Pour les
industries, cela impose souvent de changer de modèle économique. On ne
passe pas du jour au lendemain aux circuits courts par exemple »,
explique André Sobczak. Eric Yvain, directeur de l’entreprise de
chaudières Saunier Duval, à Nantes, en sait quelque chose. « Lors de la
commande d’une chaudière, nous avons innové en créant un jumeau virtuel
qui suit le produit de sa genèse à sa livraison chez le client, dans un
souci de traçabilité et de lutte contre les gaspillages», explique celui
qui a lancé la démarche RSE dans son entreprise en 2008 et n’a jamais
arrêté de se remettre en cause depuis, que ce soit par l’isolation des
bâtiments, l’installation de ruches et de jardins potagers, achat
d’électricité verte à 100%, etc.
A Nantes, des réseaux d’entreprises moteurs
- Les Dirigeants responsables de l’Ouest (DRO) : A
l’origine de cette vague verte, il faut remonter à la démarche
proactive d’un réseau d’entrepreneurs qui a fait de la RSE sa raison
d’être. Lancé en 2010 à l’initiative de trois chefs d’entreprises
(Armor, CETIH et Rémy Cointreau), le réseau des Dirigeants responsables
de l’Ouest (DRO) n’a qu’un seul mot d’ordre : mettre la RSE au cœur de
la stratégie de l’entreprise, faire rayonner sur le territoire ses
convictions et partager les bonnes pratiques. « La RSE est une chance
pour l’entreprise, elle mobilise les équipes, elle est un levier de
performance et donne du sens et s’inscrit dans la volonté d’agir pour le
territoire », explique Karen Hugé, déléguée générale de l’association
qui fédère aujourd’hui 140 dirigeants de moyennes et grandes
entreprises, dont 120 en Loire-Atlantique (photo ci-dessus). Pour les DRO, l’année 2018 a
marqué un tournant. « Suite aux mouvements nationaux en faveur de la
protection de l’environnement en 2018 (Gilets jaunes, rapport du GIEC,
etc), nos membres ont pris conscience de leur rôle à jouer dans la
réduction des émissions de gaz à effet de serre. Fin 2019, onze
chantiers ont été identifiés autour de 83 actions concrètes et
mesurables, à travers lesquels ils s’engagent par exemple à renaturer
les espaces verts dans les entreprises, à limiter les déplacements de
leurs salariés, réduire les plastiques, etc ».
- Les 26000 de l’ouest : Créée à Nantes en décembre 2014, l’association « Les 26000 de
l’Ouest » regroupe les professionnels du conseil en responsabilité
sociétale installés sur le grand Ouest.
- Ruptur : dernière née des
associations en faveur de la RSE, Ruptur se donne pour objectif de
casser les silos, créer des liens de voisinage dans les zones
d’activités, pour favoriser les échanges et partages de bonnes
pratiques, et pouvoir y lancer des sujets d’économie bleue ! Les
déchets, l’énergie, la mobilité, la biodiversité, le bien-être, les
prestations de services, le gardiennage…
Nantes, terre d’accueil pour les entreprises à impact positif
Le
territoire nantais se révèle une terre d’accueil pour les entreprises
désireuses de se lancer dans une démarche à impact positif. Selon les
chiffres communiqués par les réseaux, le territoire compte aujourd’hui
37 entreprises labellisées ou en cours de labellisation LUCIE, 23
signataires de Global Compact, 13 entreprises Afaq
26000,
8 entreprises BCorp (Cedreo, Connexing,
Wedogood,
LR Technologies, BSide, Toovalu, NGOShoes,
Digital4Better) et quelques
entreprises à mission (
Faguo, Réalités). «
Les
acteurs publics et privés du territoire convergent dans leur volonté
d’attirer des entreprises à impact positif pour continuer à enrichir
l’écosystème métropolitain. Les entreprises savent que si elles
viennent à Nantes, elles trouveront les ingrédients pour aller vers
cette démarche à impact positif. La plateforme RSE permet justement de
se repérer et d'être orienté rapidement vers les bons réseaux », conclut
André Sobczak. Nantes s’affiche aujourd’hui comme la seule métropole
française à participer au programme européen Cities for CSR (RSE en
anglais) et s’attelle à ce niveau à l’élaboration d’un observatoire RSE,
qui sera ensuite testé à l’échelle européenne.