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Nichée dans les locaux de MIN de Rien, au sein du FAAT (Fabrique Artisanale d’Aménagement du Territoire), un espace de coworking dédié aux artisans et créateurs, l’agence de design Katra a été fondée en 2011 à Nantes. Son dirigeant, Antoine Gripay, nous raconte son histoire, avec ses déboires, ses réussites et ses moments de bascule.
De fresques murales emblématiques aux projets urbains d’envergure, Katra fait partie des figures locales du secteur nantais des industries culturelles et créatives avec la particularité de concevoir, mais aussi de réaliser, ses propres projets. Entre Nantes et Saint-Nazaire, impossible de passer à côté de ses réalisations : la fresque murale du Hangar à bananes avec l’artiste Ador, celle de la rue Biesse avec Super Apes, le design actif de l’espace Alice Milliat sur le parc des chantiers avec la Samoa et le Voyage à Nantes, le design du château d’eau de Montoir-de-Bretagne pour SNAT (photo ci-dessus)…
« Petit, j’aimais observer mon grand-père travailler l’osier en hiver ou bricoler avec mon père au sous-sol », se souvient Antoine Gripay (en haut à gauche sur la photo). Bien que ses premières expériences soient éloignées du design, c’est son parcours atypique, entre études de commerce et une immersion en design management en Angleterre, qui l’oriente vers la création. En 2010, il fonde avec deux amis d’enfance le Studio Aparte, dans un appartement en colocation au sein du quartier République à Nantes. Leur première création, une chaise baptisée Katra en fibres de lin, rapidement saluée pour son innovation et son esthétique, attire l’attention des médias et du public. Mais le chemin est semé d’embûches. « Se lancer dans l’édition, un secteur qu’on ne connaissait pas, était un pari risqué et la question de la viabilité du studio s’est rapidement posée. Mes deux associés sont partis pour d’autres aventures au bout d’un an et demi et j’ai décidé de continuer ». Antoine s’entoure de deux autres designers et développe avec eux des projets de design produit/espace et de design graphique/peinture, « y compris pour des monuments funéraires ! ».
En 2012, Studio Katra s’illustre avec des projets de fresques murales à Orvault, près de Nantes. « Cette mission en lien avec les services jeunesse a donné lieu à notre première fresque, en collaboration avec des artistes nantais comme Korsé ». En 2013, Studio Katra imagine des installations dans l’espace public, notamment pour Nantes Capitale Verte. « Avec le Studio Idîle, nous avons écrit des contes avec la participation d’habitants de l’île de Nantes et matérialisé ces histoires sous forme d’œuvres physiques, comme les rails encore présents aujourd’hui et sortant du sol devant le Palais de Justice ». D’autres scénographies voient le jour pour le sommet du climat ou la Green Week, toujours avec des collectifs d’habitants ou d’architectes. « C’était l’émergence des industries culturelles et créatives et la structuration de la filière comme un vrai poids dans l’économie. Déjà à l’époque, nous étions très marqués par l’idée d’essayer de faire en réemploi et de manière collaborative ».
Katra évolue encore et développe de nouvelles identités graphiques et culturelles, des marques, notamment pour le secteur du numérique : la Cantine Numérique, Shopopop, Valeuriad, etc. « Un tournant s’est opéré avec le projet Saint-Nazaire Renversante en lien avec l’agence Disobey. Cela nous a permis de conjuguer nos compétences en identité et design stratégique avec une lecture des enjeux d’attractivité, d’espaces urbains et de renouveau pour les villes, les quartiers et les parcs ». La diversification continue et Studio Katra explore de nouveaux terrains de jeu, cette fois-ci dans l’architecture intérieure avec la livraison des premiers aménagements de bureaux et d’espaces intérieurs (restaurants, Biocoop, banques). C’est notamment grâce à cette polyvalence que l’agence de design a su résister à la crise Covid. « Si certains projets culturels se sont arrêtés et les ateliers design mis en suspens, la demande pour l’aménagement tertiaire et la création d’identités ou de fresques sont restées fortes ».
L’entrepreneur, qui s’assume désormais dirigeant, se tourne vers de nouveaux défis : la transition des territoires et des villes dans leur aménagement urbain. « Le design est un outil polyvalent extrêmement puissant, car il façonne notre quotidien et interroge notre manière de percevoir et d’interagir avec le monde. Nous pouvons utiliser cet outil pour susciter la réflexion, orienter vers des sens différents, vers des solutions alternatives ou vers des projets à forte valeur sociale. J’ai envie de travailler sur des sujets de transition en lien avec la santé, le climat ou encore la fabrique de la ville, la biodiversité. Le tout au service des usagers et du vivant… ». Aujourd’hui, l’équipe compte 8 collaborateurs prêts à « inscrire le design dans une démarche plus globale de transition et de conception porteuse de sens ».
Après plusieurs années
engagées auprès de la jeunesse et pour l’éducation populaire, Antoine
Gripay s’investit personnellement dans l’association Amazonia qui œuvre
pour la défense des territoires autochtones, la gestion durable de
l’Amazonie et la reforestation en local. L’association a récemment
initié des projets collaboratifs impliquant entreprises et citoyens.
Avec 70 volontaires, 1 000 arbres ont été plantés en une journée dans la
vallée de Campbon pour renforcer les haies bocagères et favoriser la
biodiversité. « Entre organiser un séminaire de karting et planter des
arbres, le choix peut être simple et l’impact, incomparable. J’ai une
petite fille de trois ans. Je veux qu’elle puisse comprendre que son
père a laissé une trace utile et positive, qu’il a ouvert des voies vers
un avenir meilleur ».
À noter : en mars prochain, l’association prévoit d’emmener une délégation en Amazonie, avec des dirigeants d’entreprise, des représentants de la société civile, des professionnels agricoles… Il reste des places. Plus d’information sur Amazonia.
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