Marjolaine Bichet : "J'aime Saint-Nazaire, dont la devise est : elle ouvre et personne ne ferme"

Architecte, Marjolaine Bichet a fait le choix de Saint-Nazaire, il y a 10 ans, pour monter son cabinet d’architecture. Elle raconte l’accueil chaleureux qui lui a été fait, l’évolution du territoire, les projets engagés, la force du collectif, sans compter une qualité de vie hors pair.

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Pouvez-vous nous raconter votre parcours d'entrepreneure  ? 

Je suis gérante de l'agence Bertin Bichet Architectes à Saint-Nazaire. L'agence a été créée en 2009 et est spécialisée dans l'ossature bois, dans la densification urbaine et dans la réhabilitation. Nous sommes une agence de 9 collaboratrices et nous avons mis en place un système pour permettre aux femmes de pouvoir travailler plus facilement dans ce domaine. Il y a aujourd'hui beaucoup de jeunes architectes qui sortent de l'école d'architecture et elles sont très peu représentées dans l'entrepreneuriat de l'architecture et la gestion des agences. Il est donc important de montrer cette possibilité qu'elles ont, de pouvoir prendre les rennes et d'avoir un rôle et une place dans la société aujourd'hui en tant que gérante d'agence.

Pouvez-vous nous parler de ce projet inédit et totalement innovant "Puissance 4"  qui va voir le jour à Trignac près de Saint-Nazaire ? 

"Puissance 4" est un projet qui consiste à construire des logements préfabriqués hors site et qui regroupe énormément d'acteurs du territoire. C'est un projet qui va naître à Trignac et nous aurons l'occasion de construire plusieurs prototypes de ces séries sur le territoire de Saint-Nazaire. Nous sommes appuyés dans cette démarche par les Chantiers de l'Atlantique grâce à une méthode qui s'applique aujourd'hui pour la fabrication de paquebots et navires et d'autres acteurs d'ingénierie qui ont des capacités, des compétences très poussées dans ce domaine.

Pourquoi avoir choisi Saint-Nazaire pour installer votre entreprise ? 

La devise de Saint-Nazaire, c'est : « elle ouvre et personne ne ferme ». Je trouve que c'est une devise qui est très appropriée à l'ambiance générale que l'on peut ressentir quand on arrive dans ce territoire. On est souvent très bien accueillis, avec un réseau très étendu, des entrepreneurs qui travaillent dans des domaines très diversifiés.

C'est vraiment une ville qui m'a ouvert ses portes et je suis très reconnaissante que ce territoire existe et qu'il soit relié aussi au territoire de Nantes. Aujourd'hui, il est vrai que c'est très facile de pouvoir se déplacer physiquement dans ce territoire grâce aux mobilités douces. C'est aussi facile de pouvoir rencontrer du monde dans ce maillage très étendu le long de la Loire. Et c'est un territoire très complémentaire entre une grande métropole et une ville un peu plus petite, mais néanmoins très dynamique.

Ce choix a aussi été conduit par la possibilité de pouvoir faire, en ce qui nous concerne, des activités nautiques sur ce territoire. L'expérience avec l'océan et le fait de pouvoir le voir tous les matins et de se déplacer le long de la Place du Commando, qui est vraiment le nouveau visage de Saint-Nazaire, donne une dynamique et une image positive de cette ville. C'est aussi très représentatif de la nouvelle politique urbaine qui est menée par la ville de Saint-Nazaire. 

Comment ce territoire a-t-il évolué ? 

Quand je suis arrivée, il y a quelques années, l'emprise économique des Chantiers de l'Atlantique était très forte. Il y avait une crainte sous-jacente pour l'économie locale qui concernait le cahier des charges des Chantiers. Or, depuis plusieurs années, ils ont réussi à évoluer, à trouver des nouveaux domaines de travail, de recherche qui permettent vraiment aujourd'hui de s'appuyer sur leurs connaissances, sur leur nouvel impact économique et de faire en sorte que tout le maillage de la ville de Saint-Nazaire, le maillage économique ne tiennent plus qu'à un fil autour des Chantiers. et de développer d'autres domaines accolés aux domaines traditionnels. 

Comment intégrez-vous les transitions environnementales dans votre métier ?  

Dans notre agence, les transitions environnementales sont dans notre ADN. C'est vraiment notre politique de travail. Nous axons énormément notre travail sur l'ossature bois, sur le hors site, sur le réseau local, travailler avec un réseau local d'artisans, d'ingénierie également, associer des savoir-faire divers et variés. Le bon sens paysan est un peu notre adage : il faut savoir faire des choses simples qui fonctionnent, qui ne nécessitent pas énormément d'entretien derrière, qui nécessitent juste d'avoir eu un bon jus de cerveau au bon moment pour pouvoir vraiment mettre en oeuvre les solutions les plus intelligentes au bon endroit.

Et les transitions sociétales ? 

En tant qu'entrepreneure, j'ai vraiment envie de pouvoir montrer qu'il est possible d'avoir une entreprise aujourd'hui, de proposer aux salariés des mobilités douces, un cadre de travail accueillant, réconfortant, dynamique, productif et le moins stressant possible. Nous avons décidé de mettre en place la semaine de 4 jours, il y a 2 ans. Cela demande un cadre et un travail vraiment collectif avec les collaborateurs et les collaboratrices. J'en suis aujourd'hui très contente et j'espère que mes collaboratrices aussi vont profiter de cette proposition que je fais, qui aujourd'hui à l'échelle européenne est assez développée, mais en France culturellement pas encore très acceptée. 

Vous êtes une Audacieuse du territoire. Comment jouez-vous ce rôle ? 

Le mot "Audacieux" est bien choisi pour cette communauté d'ambassadeurs du territoire. Je pense que quand on arrive dans un territoire comme le territoire de Nantes Saint-Nazaire, tout est à créer, tout est à faire. On arrive dans un territoire où évidemment il existe déjà un tissu économique très fort. Mais, les portes sont aussi ouvertes. Moi j'ai saisi cette occasion de pouvoir créer justement une entreprise à mon image, de pouvoir créer une architecture que j'appelle une architecture du futur, je l'espère qui illustrera le BTP du futur. 

Dans mon rôle d'Audacieuse du territoire, j'aime faire la promotion de Saint-Nazaire pour donner envie à de nouveaux foyers, de nouvelles familles, des amis, des entrepreneurs de venir s'installer sur ce territoire. Depuis 11 ans que je vis à Saint-Nazaire, il y a 4 ou 5 familles qui sont arrivées pour la qualité de vie, le monde associatif, le dynamisme.

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