">
A Nantes, la filiale Capacités de l'Université de Nantes, l'incubateur Atlanpole et la SATT Ouest Valorisation travaillent ensemble au transfert de technologie et pour permettre aux chercheurs de monter leur startup. Focus sur ces trois structures qui oeuvrent en coulisse.
Transposer son innovation en startup, trouver une application et des marchés potentiels, voilà une ambition qui demande à être bien accompagné. Doté d'une forte tradition en termes de recherche et d'un tissu entrepreneurial solidaire, l'écosystème de Nantes et Saint-Nazaire bénéficie de tous les atouts pour accompagner des chercheurs à propulser leur innovation de pointe sur le marché.
Que ce soit dans les nombreux laboratoires de l’Université de Nantes ou dans les grandes écoles d’ingénieurs comme Centrale Nantes ou l’IMT Atlantique, les travaux de recherche ont donné lieu à de nombreuses startups dans les domaines de la santé-biotechnologies ou dans l’industrie (mécanique des fluides, énergie, matériaux) ou le numérique. Un transfert de technologie qui est rendu possible grâce à un écosystème structuré où trois acteurs majeurs sont présents aussi bien auprès des chercheurs qu’embarqués au sein des entreprises pour identifier les problématiques de recherche et accompagner l'innovation susceptible d'y répondre.
D’abord, par l’action de Capacités. Longtemps unique en son genre, cette structure privée, filiale d’ingénierie et de valorisation de l’Université de Nantes, a depuis essaimé en France. Créée il y a 15 ans, elle compte 90 collaborateurs à Nantes, Saint-Nazaire et à La Roche Sur Yon qui accompagnent entre 300 et 350 projets par an avec des entreprises du territoire (dont les ¾ auprès d’entreprises privées).
« Notre objectif est de valoriser les savoir-faire des chercheurs de
l’Université de Nantes auprès des entreprises, explique Noël Barbu,
directeur général de Capacités. Nous allons capter des savoir-faire
innovants qui ne sont pas toujours tout à fait matures dans les
laboratoires et nous faisons de la R&D interne afin qu'ils puissent
être utilisables par une entreprise dans sa démarche de R&D". La
filiale qui entretient des liens avec les 42 laboratoires de
l’Université de Nantes travaille sur 4 domaines d’expertise en lien avec
les filières d’excellence du territoire : industrie du futur,
digital/IA, santé du futur, mer et environnement. « Nous sommes là pour
dépasser un blocage dans l’entreprise ou aider à monter en compétences
». Un accompagnement qui est maintenant bien connu des grandes
entreprises mais qui l’est sans doute moins des PME. « Accroître l’accès
des PME à la recherche, c'est notre chalenge. Les PME représentent 55%
des entreprises que nous accompagnons en 2020 (+6%)», déclare Noël
Barbu.
Faire ce pont entre la recherche et l’entreprise peut parfois relever du défi. « Les entreprises ont souvent peur d'aller dans les laboratoires, elles ne vont pas avoir ce réflexe. Le personnel de Capacités composé à 54% de docteurs et 46% d’ingénieurs, a cette double-culture, sait fonctionner en mode agile, et faire le pont entre les deux mondes de l’entreprise et de la recherche », souligne David Derouet, directeur du développement chez Capacités. « Nous sommes là pour aider l’entreprise à monter en compétences ou à lever des verrous technologiques ».
Second
maillon de cette chaîne, la SATT Ouest Valorisation accompagne la
transformation des entreprises par l’innovation et investit en propre
dans des programmes de maturation afin d’amener de nouveaux
produits sur le marché. La Société d’accélération et de transfert de
technologie (SATT) fait partie du réseau national de 13 SATT qui
participent à l’émergence d’un écosystème d’innovations de rupture. « Nous
sommes en contact avec 177 laboratoires dans le Grand-Ouest, si bien que la
startup qui vient nous voir est d’emblée en capacité de toucher 7000
chercheurs. L'enjeu pour l'entreprise est d'identifier le chercheur qui a la bonne
compétence pour répondre à ses besoins industriels précis. Nous avons un système de
recherche de type Big data, basé entre autres sur les brevets et publications pour identifier précisément le chercheur, le laboratoire (une équipe) et la plateforme technique (des moyens) qui travaillent sur un domaine très précis », souligne Vincent Lamande, son président. Cet outil, Plugin Lab Ouest, est accessible à tous et permet d'effectuer ses recherches et d'entrer en contact directement avec le laboratoire ou la plateforme.
La SATT Ouest Valorisation protège la propriété intellectuelle et dépose à ce titre 50 brevets par an, « ce
qui en fait de loin l’un des plus gros déposants de brevets en région,
ces brevets étant licenciés pour exploitation à des startups et des
entreprises », souligne Franck Teston, directeur de la recherche partenariale de la SATT. Et dans cette course aux
brevets, les PME ne sont pas en reste : « 65% des déposants de brevets
sont des PME, 25% des ETI et 10% des GE ». Concernant les secteurs
économiques, « 45% des dépôts de brevets concernent les technologies
avancés de production (procédés industriels, matériaux, génie mécanique )
en Pays de la Loire, 11/ le génie civil, 9% la santé et 8%
l’alimentation ».
La startup est le principal véhicule pour placer des technologies de rupture. « Nous avons développé une offre de dispositifs très complète et particulièrement adaptée, pour mettre toute l'équipe
de la startup sur la rampe de lancement. Les brevets lui donnent un avantage compétitif fort en constituant des "barrières à
l’entrée" pour ses concurrents. Nous les accompagnons sur la levée de fonds auprès
d'investisseurs professionnels (business angels ou fonds d'amorçage). Nous avons créé
63 startups depuis 2012, avec une moyenne de 10 créations de startups
par an, et contribué à 23 millions d’euros de levées de fonds en 2020,
malgré l’effet Covid », concède Vincent Lamande.
Atlanpole est le 3e maillon de cette chaîne du transfert de technologie. Avec son label incubateur du ministère de la recherche, il accompagne les créations d'entreprises en lien avec les établissements de recherche publique. Atlanpole accompagne les startups Deeptech à gagner en maturité. Sur le territoire de Nantes et Saint-Nazaire, Atlanpole a combiné ses efforts avec la SATT Ouest Valorisation, pour offrir un dispositif commun à partir de 2021. « Le nombre de start-ups passant le stade de l’ETI reste encore trop faible malgré la diversité de l’offre de services et l’augmentation de financements privés ou publics », souligne Samuel Bachelot, conseiller Développement et innovation à Atlanpole. Parmi les cinq nouvelles actions mises en place, Atlanpole lancera cette année un appel à manifestation d’intérêt (AMI) « pour faire émerger des idées de création de startups dans les laboratoires » ( deeptech sourcing). Il s’agit ensuite de trouver les ressources humaines (deeptech matching) en aidant le projet à monter en compétences. Une troisième action consiste à travers le « programme deeptech accélération » à épauler les entreprises plus matures qui vont avoir besoin de prendre du recul ou de travailler sur leur organisation. « Il peut y avoir à mener un travail d'accompagnement du dirigeant qui peut être un des freins au développement de l'entreprise; le dirigeant peut rester un directeur scientifique et on recrute un CEO », souligne Samuel Bachelot. Car la route des chercheurs-entrepreneurs deeptech est longue et semée d’embûches. Comme le rappelle l'expert d'Atlanpole : « Je n'en connais aucun qui ait réussi du premier coup à trouver son marché, et à l'arrivée, le résultat n'est pas forcément celui qu'on attendait ».
En savoir + sur AtlanpoleDécouvrez les autres articles du dossier Deeptech :
> Trouver le bon binôme chercheur/entrepreneur
> 7 startups Deeptech qui transforment la recherche en entrepreneuriat
> CASCADE améliore le rendement des fruits et légumes > Huddle Corp conçoit l'alimentation animale de demain