Web2Day 2023 : comment mesurer son impact ?

Web2Day 2023 : comment mesurer son impact ?

À l’occasion de la dernière édition du Web2Day, des entrepreneures engagées ont échangé sur leurs visions respectives et sur les enjeux de la mesure d’impact. Un thème cher à l’écosystème nantais !


On le savait déjà : à Nantes, tech et impact vont de pair. L'édition 2023 du Web2Day, du 31 mai au 2 juin derniers, vient à nouveau de le confirmer. Le festival affichait pour mission de donner la parole à celles et ceux qui font bouger les lignes afin d’avancer vers un futur souhaitable. On a ainsi pu s’inspirer du parcours d’entrepreneur.es idéalist.es comme la fondatrice d'Ada Tech School, Chloé Hermary, le co-fondateur de Beem Energy Ralph Feghali, le créateur d’Imagination Machine Rob Spiro ou encore la co-fondatrice d’Hello Asso Hannah Berkouk.

Des entrepreneur.es éclairé.es pour la plupart déjà présents sur le sol nantais : Ada Tech School a trouvé à Nantes un écosystème mature et inclusif pour l’ouverture de sa deuxième école, le studio de startups for good de Rob Spiro y fait  pousser depuis déjà 6 ans des projets à impact positif, tels que Beem Energy et ses kits de panneaux solaires pour les particuliers.

Aux côtés de ces entreprises qui mettent l’impact au cœur de leur stratégie, la mesure de l’impact a tout naturellement trouvé sa place dans les débats avec une conférence animée par Ricardo Scacchetti, fondateur de la startup nantaise Impact Track, à l’origine d’une plateforme qui facilite la mesure et la gestion de l’impact social et environnemental. Autour de lui, la cofondatrice de Citizing, Julie de Brux, qui a récemment rejoint l’écosystème nantais, ainsi que Céline Mas, fondatrice de Return for Society, et Fatemeh Jailani, fondatrice de Singa.


Vous avez dit « impact » ? 

Comme le rappelle Julie de Brux, « la notion d’impact désigne les conséquences d’une activité sur la planète et la société, qu’elles soient économiques, sociales ou environnementales. On parle ici des effets positifs ou négatifs qui surviennent à court ou long terme ». 

« Aucune entreprise n’est parfaite » prévient Céline Mas. Fondatrice du réseau de conseil en impact social Return for Society, elle aborde l’impact sous plusieurs angles, en reliant études et techniques cognitives. « Ce qui compte avant tout, c’est l’engagement : il ne s’agit pas de masquer ce qui est moins positif au sein de nos activités, mais plutôt de le reconnaitre et de voir comment on peut les améliorer. » Quant à la notion d’entreprise à impact, s’il n’y a pas de définition juridique, on s’accorde à désigner sous ce terme « les organisations ayant comme finalité un impact positif ». 

C’est le cas de Singa, qui contribue à créer une société plus inclusive en rassemblant population locale et nouveaux arrivants (personnes réfugiées, demandeurs d’asile…) autour de projets sociaux, professionnels et entrepreneuriaux. Fatimeh Jailani, sa directrice des opérations, voit dans la notion d’impact l’ensemble de ce qui sera mis en place pour arriver à cet eldorado voulu par Singa : un écosystème inclusif où ces nouveaux arrivants pourront se réaliser comme les autres. 



Mesurer l’impact : pourquoi ?

Pour Julie de Brux, « mesurer l’impact représente une aide à la décision. Estimée en amont, elle permet de prendre des décisions plus justes et convaincre des financeurs. Au fil de l’eau, le calcul de l’impact aide à piloter et ajuster son activité. » 

Parallèlement au nombre croissant d’entreprises à impact, le besoin d’évaluer et de calculer cet impact s’est naturellement fait jour. « La mesure d’impact est passée en quelques années “d’un ‘nice to have’ à un ‘must have’» résume la co-fondatrice de Citizing, qui rappelle que “les investissements publics de l’État d’un montant supérieur à 20 millions d’euros sont déjà soumis à l’obligation de mesurer leur retour sur investissement socio-économique et environnemental, comme ce le sera bientôt le cas pour les collectivités locales et les fonds d’investissement, en particulier les fonds dits à impact.” 


Des approches complémentaires

Pour cette docteure en économie, utiliser une même unité pour comparer les impacts négatifs et positifs s’impose. C’est en l’occurrence l’unité monétaire que Citizing emploie pour mesurer l’impact des investissements publics et privés : “pour un euro investi, notre méthode permet de connaître quelle valeur économique, sociale et environnementale l’activité va créer pour la société et pour la planète.” 

Céline Mas rappelle qu’il n’existe pas à ce jour de norme internationale de mesure d’impact. “On peut toutefois se référer à des cadres tels que les objectifs de développement durable (ODD) ou le Global Compact pour définir des indicateurs. Mais il n’y a pas d’indicateur pour tout. Il est ainsi difficile de mesurer l’invisible, comme des modifications des comportements. La mesure d’impact n’a rien d’une science exacte, ce qui n’est pas toujours facile à comprendre pour les entreprises qui s’attendent à des éléments précis”. L’entrepreneure sociale confie n’avoir de cesse de s’interroger avant chaque projet de mesure d’impact qu’elle est amenée à étudier. “C’est un sujet en construction, qui exige de l’humilité et du temps. On est dans de la recherche appliquée. Il faut se poser beaucoup de questions, travailler en équipes, c’est ce qui rend la discipline passionnante !" 


Mesurer l’invisible, un enjeu à relever par la coopération

Un constat partagé par Fatemeh Jailani, pour qui le fait de mesurer l’impact par des indicateurs quantitatifs et tangibles rencontre certaines limites. "Nous pouvons certes calculer le nombre de nouveaux arrivants accompagnés, le nombre d’emplois qu’ils ont trouvés ou d’entreprises qu’ils ont créées, mais quid de la qualité de leur emploi ou de leur ressenti ? Il est indispensable de compléter les indicateurs quantitatifs par d’autres, qualitatifs. Notre mission chez Singa est d’aider les nouveaux arrivants à se débarrasser de l’étiquette de réfugié qui leur colle à la peau, et de retrouver une identité. Mais l’épanouissement, le bien-être ne se laissent pas mesurer facilement. Chez Singa, on essaie de mettre des mots sur des non-dits."

Fatimeh Jailani estime ainsi qu’il est nécessaire de "casser les silos pour adopter des normes à la hauteur des enjeux. Nous devons réunir des personnes qui travaillent sur différents types d’expérience pour réussir à capter les non-dits. Le sujet est si riche qu’il mérite d’être alimenté par toutes celles et ceux qui s’y consacrent !"


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