La NEF : « Nos encours de prêts éthiques et verts ont triplé en trois ans »

La NEF :  « Nos encours de prêts éthiques et verts ont triplé en trois ans » L'équipe nantaise de La Nef : Julien Le Couturier (à gauche) et Bastien Viquerat (à droite)

La NEF se présente comme la première banque éthique, coopérative, citoyenne, transparente de France. Sa raison d’être ? Financer exclusivement des entreprises et associations présentes dans des activités écologiques, sociaux ou culturels, à fort impact territorial. C’est pour accompagner cette demande croissante que la NEF lance une levée de fonds auprès des particuliers, des entreprises et des institutionnels. Nous sommes allés à la rencontre de l’équipe nantaise, représentée par Julien Le Couturier, conseiller grands comptes et Bastien Viquerat, « banquier itinérant ».

La Nef se présente comme la 1ère banque éthique. Pouvez-vous nous expliquer ce qui vous différencie des autres banques ?  

La NEF compte 110 personnes réparties dans 15 bureaux en France, composés de 2-3 banquiers itinérants et de 5 responsables grands comptes au total qui accompagnent des entreprises qui font un chiffre d'affaires supérieur à  5 millions d'euros, des associations et des bailleurs sociaux. Le siège social de La NEF est situé en périphérie lyonnaise. L’éthique est le 1er critère d’éligibilité pour obtenir un financement de la part de la NEF. Et chaque projet est passé au crible selon trois critères :  son utilité sociale, écologique ou culturelle.


Comment procédez-vous pour mesurer le caractère éthique d’un projet ? A quoi mesure-t-on l’impact d’un projet pour son territoire ? 

C’est avant tout une question de ressenti. Nous allons à la rencontre des projets sur place. C’est lors de la prise de contact, que nous savons apprécier l’engagement de la structure. Le premier critère que nous regardons concerne le secteur d’activité. Nous finançons des projets dans les énergies renouvelables, l’économie circulaire, la mobilité durable, la logistique verte (de plus en plus), l’éco-construction, les filières bio, et pour l’impact social, le logement social, l’inclusion, le handicap, la dépendance (silver-économie), la protection de l’enfance, les collectivités locales, ainsi que l’innovation si tant est qu’elle soit à impact. Puis viennent les critères autour de la gouvernance : Quel est son partage des richesses ? Quelle est sa gouvernance ? Qui sont ses fournisseurs ? Qui sont ses clients ? Quel est son niveau d’impact territorial en termes d’emplois, de production … ? Nous refusons d’ailleurs plus d’un projet sur deux qui fait appel à nous, la plupart du temps parce que le projet ne tient pas la route. Nous regardons ensuite les comptes de la structure, sa gouvernance et les valeurs des personnes qui la composent. En revanche, le label n’est pas un critère décisif. Un client qui travaillerait dans le bio-béton, et aurait donc l’envie d’améliorer son process de production, pourrait faire l’objet d’un financement.


Quel type de financements accordez-vous aux entreprises ?  

Nous proposons du financement court, moyen ou long terme (prêts à l’investissement ou à la trésorerie) ainsi qu’un compte courant. Et pour celles qui le peuvent, nous proposons des placements de trésorerie sur un compte à terme. A la différence des autres banques, nous ne sommes pas présents sur les marchés financiers et donc pas exposés à la spéculation boursière. La Nef est en quelque sorte le circuit court de la finance, et fait fonctionner les projets grâce à de l’argent français, épargné et utilisé pour financer des projets français. 


Pourquoi une entreprise s’adresse-t-elle à LA NEF plutôt qu’à une autre banque ? 

Les entreprises qui viennent nous voir ont une activité à fort impact écologique, social et culturel et sont sensibles à la provenance de l’argent dont elles vont avoir besoin. Par rapport à une autre banque, nous leur offrons une cohérence. Nous pouvons leur garantir que La NEF n’a pas d’argent dans les paradis fiscaux, affiche la mesure carbone la plus basse de tout le marché bancaire français, et c’est la seule qui finance la transition énergétique de manière exclusive. Depuis 3 ans, nous observons une lame de fond vers cette recherche de cohérence éthique. Et cerise sur le gâteau, nous avons le souci d’expliquer les raisons pour lesquelles nous refusons un projet. 

Etes-vous plus cher qu’une autre banque ? 

Pas du tout. Si nous étions plus cher, nous ne pourrions pas fonctionner !


D’où vient l’argent que vous prêtez aux entreprises ? 

L’argent provient à 80% des particuliers, et 20% des personnes morales (entreprises, syndicats, comités d’entreprise…). Nous comptons 80.000 clients et sociétaires en France. Le Covid a généré une prise de conscience et a produit une amplification sur les crédits et les encours de prêts, de l’ordre de 80 millions d’euros en 2019 et sont passés à 240 millions d'euros de financements en 2022. Plus de clients et plus de financement pour des montants importants. Nous observons un intérêt croissant des particuliers pour les projets financés par la NEF. Nous avons récemment lancé la campagne Big Banque, une levée de fonds pour faire venir des épargnants dans la coopérative. En deux mois, nous avons déjà collecté 5 millions d’euros auprès des particuliers et 12 millions si on ajoute les institutionnels. Le but étant de lever 30 millions d’euros à trois ans afin de consolider nos fonds propres et continuer à répondre aux demandes de financement. L’autre objectif étant de pouvoir nous séparer du Crédit coopératif qui est notre parrain, et sert d’organisme d’adossement à la NEF. Nous avons pour objectif de prendre notre indépendance à terme.


Pouvez-vous nous donner des exemples de projets que vous avez financés au cours des 2 dernières années sur le territoire ? 

En 2022, nous avons accompagné Toovalu (300.000 €) qui développe un logiciel de mesure de l’impact sur le territoire. En 2022 et 2021, nous avions accordé un prêt à la coopérative de transport adapté Titi Floris pour un montant de 1 million d’euros. De même que pour des marques de la mode durable, comme Ankore (30.000 €) et Second Sew (30.000 €) ou cette solution IT pour le réemploi des matériaux Reverse Systems (190.000 €).  Environ 70% des financements vont aux projets écologiques, 25% aux projets sociétaux et 5% aux projets à impact culturel. Nous finançons Cowatt (photovoltaïque) et Enercoop à l’échelle nationale. Ou encore i-sep dans le domaine de la santé. Les collectivités sont aussi de plus en demande d’un financement vert et éthique et représente un tiers de l’activité de la NEF. C’est le cas notamment de la Ville de Nantes et Nantes métropole, en particulier pour financer la transition énergétique. La NEF s’intéresse aussi de plus en plus au financement de l’innovation à impact positif et de rupture. 


Comment voyez-vous le territoire évoluer en termes d’impact ? 

Le territoire dispose d’une longueur d’avance historique sur 3 champs que sont l’impact, la tech et le transport à la voile. Ces trois sous-secteurs font pousser Nantes et Saint-Nazaire dans le bon sens et font que ce territoire dispose d’un terreau plus fertile qu’ailleurs en termes de modernité et d’impact à la fois. 


En savoir + : lanef.com