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Boris Couilleau a créé l’entreprise de transports de personnes à mobilité réduite Titi Floris en 2006 à Nantes. Seize ans plus tard, la coopérative compte 2250 salariés, est présente dans 25 départements du grand-ouest et a donné naissance à une galaxie de projets annexes autour des services à la personne. Retour sur un parcours d’entrepreneur engagé dans la réinsertion des personnes éloignées de l’emploi.
Les Nantais.es les connaissent bien. Les voitures Titi Floris sillonnent les boulevards de la métropole à heure matinale pour conduire les enfants en situation de handicap dans leur établissement scolaire. « Le projet Titi Floris est né, alors que j’étais employé en tant que contrôleur de gestion chez un transporteur concurrent », explique Boris Couilleau, fondateur de l’entreprise coopérative.
Sur les 400 salariés que compte Titi Floris en Loire-Atlantique, 70 sont en situation de handicap et en situation d’insertion. « A part un permis de conduire de 3 ans, le travail de conducteur ne nécessite pas de diplôme particulier en France. Une absence de diplôme qui facilite l’insertion des personnes en réinsertion », souligne Christelle Kobsch, DRH de Titi Floris. Le recrutement et la formation des collaborateurs s’appuient davantage sur des critères subjectifs. « On se base surtout sur le savoir-être des personnes. Faire travailler des personnes en réinsertion impose de leur consacrer plus de temps et de veiller à une vigilance toute particulière compte tenu du fait que ces personnes vont être amenées à travailler au contact d’enfants et de personnes à mobilité réduite ». D’un autre côté, tout le monde n’est pas égal devant l’appréhension du handicap. « Certaines personnes y sont plus sensibles que d’autres. Notamment les personnes confrontées elles-mêmes au handicap peuvent mieux comprendre ce qu’est le handicap ». 17% des salariés de Titi Floris sont reconnus travailleurs handicapés. Ils ont pu être éloignés du travail et y reviennent via un temps partiel.
« Les gens nous connaissent et savent que nous sommes ouverts à tous types de profils », souligne la DRH. Des femmes qui reprennent une activité une fois que les enfants sont partis de la maison, des gens qui se cherchent et viennent remettre un pied à l’étrier avant de repartir sur autre chose… « Nous avons aussi des seniors qui avaient parfois des positions professionnelles confortables, notamment des hommes de plus de 55 ans qui ont du mal à retrouver un emploi dans leur secteur après un licenciement », souligne Boris Couilleau. Si cela peut s’avérer gratifiant de pouvoir redonner du travail à ces personnes, les exigences ne sont pas moindres. « Il faut encadrer davantage des personnes qui étaient éloignées du marché de l’emploi, ne serait-ce que pour se lever le matin. Nous sommes dans le monde du travail ».
Jobdating, portes ouvertes, actions avec les associations d’insertion (Cap emploi, la Tourmaline, Pôle emploi, Retravailler…), la DRH de Titi Floris, avec son équipe d’une dizaine de personnes, multiplie les opérations de recrutement pour pallier le turnover. « Nous nous sommes aussi engagés auprès du Conseil général de Loire-Atlantique via un appel d’offres à employer un certain nombre de personnes en situation de réinsertion et handicap ».
Dès le début de l'aventure, Boris Couilleau a fait le choix du statut de Société coopérative de production (SCOP) « de manière à impliquer davantage les salariés ». « Ce statut est intéressant par rapport à notre activité de transports de personnes fragiles, non lucratif et financé par de l’argent public. Il permet en outre aux salariés de devenir actionnaires et de s’associer ainsi au développement de leur entreprise », explique le fondateur.
Des conducteurs aux administratifs, les salariés sont aujourd’hui 300 sur un total de 2250 collaborateurs au total à s’être associés financièrement et en termes de gouvernance au projet Titi Floris. « Certes, les associés ne représentent pas la majorité, mais c’est un bon pourcentage étant donné qu’il faut déjà plus d’un an et demi d’ancienneté pour devenir associé, que nos salariés sont en grande partie à temps partiel et n’ont pas non plus tous envie d’être impliqués dans l’entreprise, beaucoup ayant aussi des activités annexes ».
Ce statut de scop est constitutif d’une entreprise comme Titi Floris, à forte dimension sociale, qui donne la priorité à l’insertion professionnelle en lien avec les partenaires du territoire. « Ce statut contribue à notre développement sur les territoires et nous aide, j’en suis convaincu, à passer au-dessus des épreuves. Il apporte une belle solidarité entre les équipes ». Des valeurs fortes dont les clients de Titi Floris, essentiellement des collectivités (Conseil général notamment et associations de handicapés) n’ont pas toujours conscience. Titi Floris est en concurrence avec les ambulanciers, les taxis, les VTC, les entreprises de services à la personne, « dont beaucoup ont changé de mains ces dernières années ».
Avec 2100 conducteurs et 150 collaborateurs à l’administratif, un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros en 2021, Titi Floris est passée de la TPE à une forme d’ETI "qui contribue par tous les moyens au développement du territoire sur lequel il est installé". Outre le transport de public fragile, Boris Couilleau a lancé une entreprise de services à la personne qui emploie 150 personnes (Titi Services), un restaurant adapté La Fraterne, un réseau d’habitats partagés (Hacoopa) avec 3 logements programmés, un réseau de gîtes adaptés (Gites pour tous), un vaste tiers-lieu à Laval (Level) et un service d’auto-partage (Citiz-nantes). Citiz, ce service d’auto-partage permet de faciliter la gestion de la flotte des entreprises. Quelque 50 véhicules sont déjà en circulation en Loire-Atlantique, notamment en lien avec les entreprises où il facilite les liaisons des salariés avec le train à travers la France. La coopérative d’autopartage fonctionne dans plusieurs villes de France et compte 800 véhicules.
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