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Célie Couché a fondé le projet Bout' à Bout', pour le réemploi des bouteilles et bocaux en verre en 2016 à Nantes. Après des études en sociologie-philosophie et un Master en politiques environnementales, elle n'avait a priori pas le profil de l'entrepreneuse. A force de volonté et de courage, elle est parvenue, en s'entourant des bonnes personnes, à porter à bout de bras un projet à fort impact pour le territoire et l'environnement.
Cette première année, ce sont 3 millions de bouteilles qui ont été lavées dans l'entrepôt Bout' à Bout' de Carquefou, en périphérie Est de Nantes, avec une capacité de 30 millions de bouteilles à environ 3 ans. Rencontre avec une entrepreneure qui met toute son énergie au service du réemploi du verre.
J'ai toujours été sensible aux questions environnementales et sociétales. Dès 2016, au retour d'un voyage, je me suis attelée à réduire mon impact, ma consommation, mes déchets, etc. Et à chaque fois que j'allais amener mes bouteilles à la borne de verre, je me disais que c'était assez absurde de casser ces bouteilles qui sont à peine utilisées et que l'on jette directement après usage.
Donc, je me suis intéressée à cette question en me disant que si la consigne existe encore dans certains pays, pourquoi pas en France ? J'ai vu qu'il y avait quand même un début d'intérêt pour la question. A ce moment-là, j’ai participé à un événement qui se tenait à Rennes cela m'a vraiment donné le déclic pour me lancer, pour essayer de remettre en place cette filière à mon échelle dans la région.
La
première étape a été de créer une association. Assez vite, nous avons
été soutenus par l’Ademe, la région Pays de la Loire, par Nantes
Métropole et d'autres collectivités. Tout au long de notre parcours,
nous avons été très bien accompagnés par différents incubateurs.
Premièrement, les Ecossolies à Nantes, puis l'incubateur de l'entreprise
SYD, NovaPuls au centre-ville de Nantes et ensuite le Village by CA.
Nous avons été très bien accompagnés dans toutes les étapes de
développement de la filière, de la partie associative jusqu'au
changement d'échelle et à la levée de fonds.
Pour le passage à l'échelle et
l'industrialisation, nous nous sommes transformés en entreprise et nous avons mené une levée de fonds de 7,3 millions
d'euros, dans laquelle nous avons été accompagnés par des fonds à impact,
des industriels de la filière, l'État, la BPI, la région, nos partenaires bancaires et 300
citoyens via la plateforme Lita.co.
Après
avoir bougé pas mal en France et à l'étranger, j'ai choisi de
m'installer à Nantes pour y vivre et mener un projet professionnel.
C'est une ville qui est très dynamique à la fois sur le plan
entrepreneurial mais aussi culturel et c’est facile de se faire un
réseau, de rencontrer des gens. C’est assez fluide et j'ai tout de suite
accroché avec l'ambiance de la ville. Venant du nord de la France,
je me suis assez vite sentie chez moi. Il y a quelques similitudes en
termes d'atmosphère et de relations humaines dans cette ville.
Le
défi était de reconstruire à partir de zéro une filière qui avait
presque disparu dans un contexte technique complètement nouveau et avec
plus de difficultés qu'auparavant lorsque la consigne était encore la
norme. Et aussi avec un parcours de formation qui n'était pas forcément
propice à l'entrepreneuriat et à l'industrie. Il fallait donc relever pas mal de
défis, et accomplir pas mal de travail. Aujourd'hui le résultat est là, même si ce
n'est qu'un début.
Certains
pays n'ont jamais arrêté la consigne et en France, on a fait ce choix
de passer au recyclage. Toutefois aujourd'hui, nous faisons plutôt
figure d'exemple dans la relance de cette filière de consigne par
rapport à d'autres pays qui, soit l'avaient complètement arrêtée comme
nous et regardent attentivement ce que l'on fait aujourd'hui en France,
soit l'avaient maintenue, mais sont en perte de vitesse sur cette
filière. Aujourd’hui, nous sommes plutôt assez regardés au niveau
européen et même du continent américain sur la filière de la consigne.
L'impact
est vraiment au cœur du projet, c'est vraiment la raison d'être de
Bout’ à Bout’. Bien sûr, nous essayons d'être cohérents sur tous les
aspects de l'activité. Depuis le début, nous travaillons
avec des acteurs de l'insertion. Nous avons une grande parité dans
l’équipe, nous avons recours à des fournisseurs d'énergie verte comme
Enercoop, nous faisons des achats responsables, etc. Enfin vraiment, nous
faisons attention à tous les niveaux.
C'est
d'avoir contribué à redévelopper cette filière qui avait presque
disparu en France et qui est vraiment en train de renaître de ses
cendres, à la fois dans notre région mais aussi au niveau national.
Ce
qui me rend heureuse, c'est évidemment tous les liens que j'ai pu
développer à travers ce projet et le travail d'équipe que l'on mène
aujourd'hui avec l'équipe de Bout’ à Bout’ dans sa globalité.
Un
entrepreneur qui veut se lancer aujourd'hui ? Je dirais d'oser, de se
lancer, de soigner aussi son énergie. C'est une course de fond. Et aussi
de savoir bien s'entourer, c'est très important. Je n'avais pas le
parcours d'entrepreneur pour ma part. C'est vraiment la motivation de
réaliser un projet à impact qui m'a toujours portée et poussée à me
dépasser, à dépasser mes peurs, mes blocages, mes compétences et à aller
toujours chercher plus loin. C'est aussi, oser avancer dans l'inconnu,
apprendre en permanence, savoir s'adapter, bien s'entourer tout en
gardant le cap sur ce qui compte vraiment, sur les valeurs du projet.
J'adore aller me promener sur les bords de Loire, les bords de l'Erdre, parce que la vision
de l'eau m'apaise. J'aime beaucoup aussi par exemple l'île de Versailles
qui me renvoie au Japon où j'ai vécu. J'aime aussi beaucoup
Trentemoult qui est mon ancien quartier où je retourne régulièrement
pour faire le petit marché bio du samedi et boire un café sur le port.
Découvrir Bout' à Bout'