N'go Shoes, la marque nantaise de baskets éco-conçues, s'engage pour le recyclage des baskets usagées

N'go Shoes, la marque nantaise de baskets éco-conçues, s'engage pour le recyclage des baskets usagées

N’go Shoes produit au Vietnam des baskets et sacs à dos éco-responsables dans une démarche équitable. Labellisée B Corp depuis 2020, la petite entreprise nantaise avance pas à pas pour que la fabrication de ses chaussures ait un impact limité sur l’environnement et un impact maximal sur son écosystème.

Au départ, ces deux-là n’avaient pas vocation à devenir entrepreneurs. Amis de lycée à Basse-Goulaine (près de Nantes), Kevin Gougeon et Ronan Collin, co-fondateurs de N’go Shoes, n’en reviennent toujours pas de souffler les 5 bougies de leur petite entreprise en mai 2022. « Lors de mes séjours en Amérique latine notamment, j’étais fasciné par les marchés de créateurs, les différents savoir-faire, l’artisanat, le commerce équitable », raconte Kevin Gougeon. « J’avais envie de construire quelque chose autour de ces valeurs qui me motivaient et me motivent toujours au quotidien ». Alors expert-comptable, il cherche à redonner un sens à sa vie professionnelle.  Il en parle alors à Ronan qui rentre d’une mission pour une ONG au Vietnam. « Le Vietnam dispose d’un vrai savoir-faire sur la basket. N’étant pas issu de la mode, ni du design, nous avons fait le pari de commencer par un article qui nous plaisait. Et comme nous étions tous les deux fans de sport, on s’est dit que ce serait cool d’avoir notre propre marque de baskets ». Disposant d’une bonne connaissance du pays et des artisans là-bas, Ronan repart au Vietnam en 2016 et se donne un an pour tout créer depuis là-bas.


Tisser des liens avec les artisans bien au-delà du travail

Animés par l’envie de valoriser un savoir-faire ancestral, en lien direct avec les artisans, ils se fixent d’emblée des objectifs de développement durable. Au premier rang desquels, le commerce équitable. « Nous travaillons avec 40 femmes artisanes qui maîtrisent ce tissage à la main, un savoir-faire ancestral magnifique qui a tendance à se perdre avec l’industrialisation ». Au-delà de rémunérer ces femmes à leur juste valeur, ce sont les relations qu’ils créent avec ces femmes qui leur tiennent particulièrement à cœur. « Quand nous allons au Vietnam, nous sommes reçues chez elles, elles nous invitent à dîner et à la fête du village. Nous avons tissé des liens qui sont au-delà du travail ».


Projet caritatif : 4 écoles construites

Autre motivation, le projet caritatif. Soucieux de créer un cercle vertueux à l’échelle locale, les deux entrepreneurs sélectionnent l’association « Sao bien – room for education », qui recense les besoins sur place et construit des écoles en lien avec les autorités locales vietnamiennes. « On reverse 2% de notre chiffre d’affaire à l’ONG pour construire des écoles. C’est eux qui gèrent les moyens en fonction des besoins, et en lien avec les autorités locales vietnamiennes. Sur les 6 écoles par an construites par l’ONG, nous contribuons à en construire une. Jusqu’à aujourd’hui, nous avons contribué à construire 4 écoles, de la maternelle jusqu’à l’école primaire, ce qui représente 250 enfants scolarisés ».


Produire le moins de matière première possible

N'go Shoes a produit à ce jour 75.000 chaussures, qui sont revendues dans 200 points de vente à travers 15 pays dans le monde. Produire des chaussures éco-conçues implique néanmoins d’avoir le moins d’impact possible en termes d’environnement. A l’occasion d’un bilan carbone réalisé avec l’agence nantaise Toovalu, les deux entrepreneurs prennent conscience que 58% de leur impact vient de la fabrication de la matière première. « Nous voulions avoir des données pour savoir sur quoi agir. Désormais, si l’on veut réduire notre impact carbone, il faut faire en sorte de ne plus fabriquer de matière première mais recycler les déchets, la matière déjà produite ». Cet enseignement leur permet de créer des leviers d’actions pour réduire leur impact. « Dès qu’on produit, on pollue. L’enjeu est donc bien de responsabiliser le client sur la non-consommation. Et pour ce faire, on se doit, pour ne pas pousser à la surconsommation, d’avoir un prix juste toute l’année, ne pas faire de soldes, sinon ça pousse à acheter des choses dont on n’a pas besoin ». Une dimension qu’il faut prendre en compte dans une logique de marketing et de communication. Loin de s’inscrire dans la logique du Black Friday, N’go Shoes s’efforce ce jour-là de sensibiliser sa communauté au « green friday », un mouvement d’ampleur rassemblant des acteurs engagés pour une consommation responsable et de reverser 10% de son chiffre d’affaires réalisé pendant ce week-end à l’association e-graine.org, mouvement d'éducation à la citoyenneté mondiale.


Redonner une seconde vie aux baskets usagées

Les clients peuvent déjà, via le site internet, renvoyer leurs chaussures usagées grâce à une étiquette de transport. Les baskets font ensuite l’objet d’un désassemblage, en vue d’être recyclées. Un process de recyclage pour lequel N’go Shoes voit des opportunités sur le territoire de Nantes et Saint-Nazaire. « Nous avons ici un gros vivier de fabricants de chaussures notamment, qui sont prêts à se mobiliser pour agir en faveur d’une mode durable ». Encore faut-il y mettre les conditions, et disposer de volumes conséquents pour que cette filière potentielle soit rentable. « Si on s’y met à plusieurs marques, c’est la clé pour recycler plein de produits différents du moment que les matières soient plus ou moins similaires ». N’go Shoes est entrée en relation avec une entreprise de Cordemais, près de Nantes, qui serait potentiellement intéressée pour recycler ces semelles usagées, afin de les faire entrer dans la fabrication d’aires de jeux pour enfants à base de caoutchouc.


Notre projet : Aménager un tiers-lieu à Nantes

Des tonnes d’idées sous la semelle, N’go Shoes voit encore plus loin. Regroupés au sein d’un collectif sur la mode écoresponsable, piloté par l’agence Nantes Saint-Nazaire Développement, les fondateurs de la basket aux motifs ethniques se prennent à rêver d'un avenir plus en lien avec les habitants de leur territoire.  « Nous avons le projet de développer un tiers-lieu qui serait un endroit pour sensibiliser le grand public à la mode éthique, un lieu où l’on pourrait montrer au grand public comment réparer ou recycler des chaussures... ».


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