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La Maison Qui Switche, le concept qui recrée du lien entre les professionnels sur les territoires

La Maison Qui Switche, le concept qui recrée du lien entre les professionnels sur les territoires

Créé à Grandchamp-des-Fontaines, en milieu rural, entre Nantes et Rennes, le concept de la Maison qui Switche n’en finit plus de séduire de nouveaux clients et de nouveaux marchés. Après les campagnes, le concept gagne maintenant les centres-villes, et les étudiants s’y intéressent comme les retraités.

Besoin de vous installer pour un rendez-vous client à mi-chemin, faire une pause entre deux rendez-vous commerciaux ou organiser une formation dans un lieu qui invite à la détente ? C'est le concept de "La Maison Qui Switche". 

Une plateforme met en relation des « homers » avec des « workers », des particuliers qui en semaine, du lundi au vendredi, sont prêts à ouvrir la porte de leur maison, pour partager leur salon leur séjour, ou même un bureau pour des travailleurs. Ici, il est possible de louer une pièce de la maison à l’heure, à la demi-journée, à la journée. 

Retour sur cette success-story, née à Grandchamp-des-Fontaines (44), avec sa fondatrice, Maryline André (photo ci-dessous), tout juste de retour du salon Vivatech de Paris. 

 


Comment vous est venue cette idée de lancer le premier "coworking à la maison" ? 

Je suis vraiment partie de mes besoins et de mon parcours de vie. Auparavant, je travaillais comme contrôleure de gestion et j’ai occupé différents postes au sein du groupe Axa, d’abord en Italie, puis à Paris. Arrivée à Nantes, avec mon conjoint, j’ai changé de métier pour devenir comptable des agents généraux d’assurance. Mon secteur couvrait le Finistère et la Loire-Atlantique. Et comme en parallèle, je suis devenue maman de 3 enfants, s’est alors imposée à moi la nécessité de réorganiser mes temps de vie. Mais cela ne s’est pas fait du jour au lendemain. C’est suite à un arrêt maladie, et la mise en garde de mon médecin, que j’ai pris conscience qu’il me fallait réadapter ma vie, en commençant par raccourcir mes trajets et réorchestrer ma vie professionnelle. J’ai alors préparé mon départ avec mon employeur, dans l'idée dans un premier temps d'ouvrir mon propre cabinet d'expertise-comptable autour de mon domicile. Progressivement, je me suis rendue compte que de travailler depuis la maison et être disponible pour mes enfants à partir de 18h était vraiment important pour moi. Je découvrais le rire, le jeu … et je me suis demandée combien de parents étaient confrontés à cette ambivalence. D’après un sondage, 84% des personnes reconnaissent qu’elles sont heureuses en télétravail, en raison notamment du temps gagné dans les trajets. Je me suis rendue compte qu’il y avait un vrai manque à combler pour beaucoup de monde. 

A quels professionnels s’adresse la Maison qui Switche ?

La Maison Qui Switche peut répondre aux besoins de toute personne qui, à un moment ou l’autre, est amenée à exercer son activité en mode nomade. Il peut s’agir de commerciaux qui veulent se poser pendant leur tournée, de free-lances pour recevoir un client, un gestionnaire de patrimoine pour recevoir son client, une psychanalyste pour accueillir son patient dans un milieu différent, ou d’un manager pour organiser sa réunion d’équipe au vert dans le but de rapprocher ses collaborateurs de la nature. Des coachs ou formateurs viennent pour louer le salon, et finissent par investir le jardin. Pour le "Homer", qui reçoit, le budget pour devenir Maison qui Switche est minime : disposant déjà d’un espace ouvert avec téléviseur, du café/thé, wifi (audit qualité vérifiée), avec un câble HDMI, il transforme son séjour en salle de réunion ou espace partagé.  

Cela répond au bien-être au travail lorsque l’on n’est pas chez soi ou pour sortir du bureau. Alors qu’aujourd’hui, les entreprises aménagent les bureaux pour être « comme à la maison », c’est bien un signe qu’on travaille bien à la maison. 

En ouvrant votre porte, vous contribuez à recréer de la proximité dans des lieux qui en semblaient dépourvus…En effet, ce concept permet de recréer du lien sur les territoires, d’apporter de la cohésion entre les travailleurs indépendants, cela permet à des auto-entrepreneurs de se retrouver près de chez eux… Et parfois, cela va permettre d’engendrer des opportunités d’affaires…


Quels avantages les « colocataires » y trouvent-ils par rapport au coworking?

Il y a beaucoup d’avantages. Je n’y avais pas pensé au début, mais les professionnels viennent y chercher une alternative au coworking plutôt qu’une solution complémentaire. Un développeur informatique nantais qui travaille de chez lui me confiait ne pas trouver son bonheur dans les espaces de coworking, qui peuvent pècher, pour certains par leur manque de confidentialité, sont souvent trop grands, bruyants et collectifs. Les réservations chez nous se font au maximum à 7 jours et souvent la veille pour le lendemain. « La Maison qui switche » peut aussi être une solution de dernière minute si on a une coupure de wifi ou des travaux dans son bureau. L’avantage est aussi de se donner rendez-vous à mi-distance : des professionnels de Rennes donnent rendez-vous à des clients nantais pour être à mi-chemin et éviter les embouteillages. Un gestionnaire de patrimoine de St-Herblain va retrouver son client d’Abbaretz chez moi à Grandchamp.  La plateforme digitale vous affiche des maisons dans un rayon de 20kms par rapport à votre recherche. Je considère qu’il ne faudrait pas dépasser 15mn de temps de mobilité pour apprécier l’expérience de « la Maison qui Switche », avec en sus, à l’arrivée, le parking, le café et le sourire !

Nous sommes en plein essor. Nous comptons déjà 18 maisons en ligne sur la Loire-Atlantique et 28 sur la France. Le nombre s’accélère depuis la diffusion du concept à la télévision sur France3. Depuis, les demandes affluent de partout en France, du Sud ouest, au Nord Ouest ou même de Lyon.


Votre maison est située sur la communauté de communes d’Erdre et Gesvres, à une vingtaine de kilomètres au nord de Nantes. De quelle manière votre territoire vous a-t-il soutenu ?

Ce sont mes premiers ambassadeurs ! Dès le début de mon projet, le maire de Grandchamp-des-Fontaines m’a donné des contacts pour développer mon projet. Le directeur du développement économique du territoire d’Erdre et Gesvres, Olivier Mentec, est un véritable soutien que ce soit en termes de mise en relation, de communication et contribue à la promotion de la Maison qui Switche sur les réseaux sociaux, il a même accepté de participer à notre vidéo de promotion, etc. Par ailleurs, nous venons de monter un réseau d’auto-entrepreneures sur Grandchamp-des-Fontaines. Ce réseau se rajoute à tout une série de réseaux dont je fais partie comme Femmes du digital de l’ouest, dont j’ai été lauréate, le réseau Dynabuy, qui me permettent d’entreprendre sans être seule. 


Projetez-vous d’étendre votre concept ailleurs qu’en ruralité et sur d’autres territoires ?

En effet, cette réflexion est nouvelle et fait suite à des demandes qui viennent d’un peu partout en France. Au salon Vivatech, où j’ai pu aller mi-juin grâce à Orange qui m’accompagne, j’ai pu tester le concept auprès de retraités qui ont le temps et l’espace, et pour réduire leur isolement et créer du lien avec leur environnement. Les étudiants se montrent très intéressés pour profiter de lieux tranquilles pour faire leurs révisions en petits groupes (21 euros TTC à la journée, 10,5€ pour 1h30, 6,5€ pour 30mn). Avant il fallait adhérer via une franchise ; depuis un mois, le concept a évolué.  Une simple inscription sur la plateforme suffit, et après une simple visite en visio pour s’assurer que les  qualités d’accueil et d’équipement sont requises, votre maison apparaît sur le site. En deux jours, tout le monde peut devenir Maison qui Switche. La plateforme se rémunère à chaque transaction payée par le worker. Il faut comprendre la Maison qui Switche comme une économie de partage de frais (chauffage, électricité, café…) plus que comme une location immobilière ou locative. Un peu comme Blablacar…



Grandchamp-des-Fontaines se situe à une vingtaine de kilomètres de Nantes. Comment voyez-vous ce territoire évoluer ?

Depuis 10 ans, la démographie explose, avec la présence de 50% de familles avec de jeunes enfants (source : dernier recensement Insee). De nouvelles classes maternelles et primaires ouvrent, des infrastructures se créent pour redynamiser les centres-villes et attirer ces familles avec enfants, des pôles d’activités qui sortent de terre comme à Belle-Etoile. C’est un territoire en croissance qui plaît pour des habitants en quête de territoires limitrophes qui présentent l’avantage de ne pas être loin de Nantes mais avec des prix de l’immobilier beaucoup plus accessibles. Et le conjoint peut si besoin aller travailler à Nantes. La mobilité est au cœur des préoccupations des élus qui l’améliorent en permanence, en créant de nouvelles voies cyclables par exemple. Grandchamp-des-Fontaines est la ville des associations par excellence. Et pour les professionnels comme nous, cela passe notamment par la réflexion autour d'une coopération entre le territoire Erdre&Gesvres et la Fondation Territoriale 44 sur la mise en place de partenariats  publics-privés entre entreprises et associations. Pour moi, la solution d’avenir est de travailler ensemble pour un futur meilleur. 


Pouvez-vous nous citer 3 lieux favoris près de chez vous ?

Chaque année en septembre, a lieu le festival Le Grand Chambardement, un grand moment de vie et de festivités pour tous les habitants, mais il y en a beaucoup d’autres tout au long de l’année, comme le festival « Nature en fête » et beaucoup de fêtes pour les enfants. Ensuite, pour faire une pause dans ma journée de travail, je vais me balader à l'étang Notre Dame des Fontaines ou aux Jardins d’Ashton Keynes. Enfin, c’est un vrai bonheur de pouvoir laisser les enfants se rendre à vélo à la piscine de la Belle Etoile, nouvellement construite. J’adore le lieu où j’habite ! 



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