BELLVISION : « Les femmes cheffes d’entreprises sont encore trop rares dans le numérique »

BELLVISION : « Les femmes cheffes d’entreprises sont encore trop rares dans le numérique »

Créer une entreprise dans les services informatiques : un fait plutôt rare pour une femme il y a 25 ans. Malgré les obstacles, Nelly Barreau a assuré le développement continu de son entreprise qui compte aujourd’hui 15 salariés à Saint-Nazaire. Rencontre avec une dirigeante engagée.

Nelly Barreau a créé Bell Vision, une entreprise de services numériques, en 1997 à Saint-Nazaire. Le secteur était alors peu investi par les femmes, à plus forte raison en tant que cheffes d’entreprise. Cette situation n’a pas beaucoup évolué, selon la fondatrice nazairienne, par ailleurs très investie sur les enjeux sociétaux liés à son domaine comme le numérique responsable.

Comment vous est venue l'idée de créer votre entreprise dans le numérique ?  

Après mes études d’ingénieure en informatique et télécommunications à l’EPF (École Polytechnique Féminine), je souhaitais revenir dans la région. N’ayant pas d’opportunité d’emploi sur la presqu’île, j’ai pris la décision de créer mon entreprise. Les femmes entrepreneures étaient rares à l’époque. Il n’y avait pas non plus d’entrepreneurs dans ma famille, mon père travaillait aux Chantiers de l’Atlantique et ma mère au centre des impôts de Saint-Nazaire. Mon objectif était de créer des sites internet mais le marché à cette époque n’était pas mûr, j’ai donc commencé dans la distribution de matériel et le service informatique, des métiers traditionnellement masculins. En tant que femme, je n’avais pas d’autre choix que d’être à la pointe sur la technique pour être légitime!

Aujourd’hui encore, je constate que les femmes sont peu nombreuses dans le domaine, a fortiori les cheffes d’entreprise. Autant on va trouver beaucoup de femmes dans la communication digitale, les réseaux sociaux, le design, mais sur le développement pur ou l’infrastructure réseaux et système, il n’y en a pas ou peu ! Est-ce un problème de motivation ? D’idées préconçues ? Je ne saurais expliquer les raisons de cette sous-représentation.

Comment les femmes peuvent-elles faire bouger les lignes vers un numérique plus responsable ?  

Je pense qu’il s’agit plutôt de sensibilité personnelle. Je vois de nombreux hommes s’emparer du sujet. Pour ma part, je m’y intéresse depuis longtemps. Nous avons commencé par des compensations de notre bilan carbone, avec des actions comme la mise en place de ruches ou la participation à des programmes de reforestation. Ce n’est bien sûr pas suffisant, c’est pourquoi nous développons aujourd’hui d’autres projets davantage liés à notre cœur de métier. Nous allons lancer d’ici deux mois un site dédié à la vente de matériel informatique reconditionné à destination des professionnels et des associations. Je ne supporte plus d’assister au gaspillage massif à l’œuvre depuis des années dans les entreprises. Un poste qui a servi à de la conception assistée par ordinateur peut tout à fait trouver une seconde vie en bureautique. Nous souhaitons limiter le périmètre de vente au niveau local pour limiter notre empreinte environnementale. Si nous pouvons par la même occasion créer de l’emploi, et pourquoi pas dédié aux femmes, le projet n’en aura que plus de sens !


"Nous allons lancer d’ici deux mois un site dédié à la vente de matériel informatique reconditionné à destination des professionnels et des associations."


J’ai par ailleurs missionné mon équipe sur le développement de sites web "low tech", plus sobres et plus légers. Notre site de vente de matériel reconditionné sera bien sûr développé selon ce modèle. Enfin, une des questions les plus cruciales pour moi reste l’hébergement des données. Quand je vois l’empreinte carbone des data centers, cela me fait bondir ! Je pense qu’il est possible de se rassembler pour créer à plusieurs un data center vertueux. J’aimerais beaucoup terminer ma carrière sur un beau projet de la sorte !


"Il est possible de se rassembler pour créer à plusieurs un data center vertueux. J’aimerais beaucoup terminer ma carrière sur un beau projet de la sorte !"

Comment voyez-vous votre ville de Saint-Nazaire évoluer ? 

Saint-Nazaire a longtemps pâti de son image industrielle, mais c’est devenu une belle ville, agréable à vivre, avec des aménagements de qualité comme le front de mer et des projets ambitieux tels que Ville Port. Le tissu économique, qu’on n'avait tendance à voir qu’à travers le prisme des grandes entreprises, s’est enrichi et diversifié. On y trouve aujourd’hui de belles sociétés de toutes tailles, et le secteur du numérique y occupe une place de choix. Saint-Nazaire ne peut que poursuivre sur cette dynamique !


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