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Jeunes et entreprises : « créer un lien de confiance » pour réinventer le monde du travail

Jeunes et entreprises : « créer un lien de confiance » pour réinventer le monde du travail

Qu’est-ce qu’un métier d’avenir ? Comment définir le job de rêve ? Qu’attendent les jeunes du travail ? Le 30 septembre, Nantes Saint-Nazaire Développement a réuni jeunes, entreprises et acteurs de l’emploi pour un débat sur le monde du travail autour des fondateurs de l’association Séisme.


Créer des liens entre les générations. C'est à cet objectif qu'a souhaité répondre l'agence Nantes Saint-Nazaire Développement en organisant une soirée pour faire échanger jeunes et les entreprises sur le monde du travail de demain. Organisée en partenariat avec la CCI Nantes St-Nazaire et Nantes Université, la soirée animée par Mehdi Kherchaoui, fondateur du cabinet de conseil en ressources humaines MiiS, elle visait à « décloisonner pour apprendre à mieux se connaitre ». 

Croiser les regards pour comprendre le rapport au travail et les attentes des jeunes

"Alors que 54 % des jeunes interrogés ont une idée très précise du métier vers lequel ils souhaitent s’orienter, les entreprises sont pour la plupart convaincues de leur indécision", souligne l'étude "Jeunes et entreprises", réalisée par la CCI Nantes St-Nazaire en partenariat avec le « laboratoire de psychologie des Pays de la Loire » de Nantes Université. « Cette étude est partie de la difficulté croissante des entreprises à attirer et fidéliser des compétences, et au-delà, à comprendre les attitudes et les attentes de la jeune génération, commente Véronique Quéré, chargée de développement emploi à la CCI de Nantes St-Nazaire. 


« Il est urgent de créer un lien de confiance les entreprises et les jeunes »

Pour Arthur Gosset, fondateur de l'association Séisme (photo ci-dessus), il convient avant tout d’interroger ce qu’est un métier ou un secteur d’avenir. Parce qu’un poste prestigieux, un salaire confortable et des conditions de travail avantageuses ne riment pas forcément avec job de rêve. Dans son documentaire Ruptures, il retrace le parcours de jeunes diplômés qui, comme lui et la co-productrice Hélène Cloître, ont renoncé à une carrière prometteuse pour suivre une voie jugée plus compatible avec les enjeux environnementaux et sociétaux de notre époque. « Les jeunes craignent à la fois d’effectuer des missions vides de sens et de contribuer au greenwashing ambiant », souligne Hélène Cloître. Elle estime « urgent de créer un lien de confiance avec l’entreprise ». Un rapprochement qui passe par de nouveaux formats de rencontres et d’échanges avec pour objectif de « bousculer le monde professionnel pour placer les enjeux économiques et sociaux au cœur des métiers. » 

Aider les jeunes à trouver leur chemin : une responsabilité pour les écoles

Le besoin de créer davantage de ponts entre les jeunes et les entreprises, les responsables d’écoles en sont convaincus. « Il faut que les entreprises montrent davantage leurs métiers afin de casser les représentations erronées », affirme Vanessa Le Garrec de Centrale Nantes, pour qui il convient également de faire connaitre la diversité des modes de gouvernance. Responsable du campus ISEFAC de Nantes, Axelle Belarbi estime que la présence plus forte du milieu professionnel auprès des jeunes atténuerait l’angoisse de l’orientation. Samia Hashemi, directrice de l’ICL Nantes, observe pour sa part que nombre d’étudiant·es ont parfois besoin d’aide pour mieux se connaître et identifier ce qu’ils et elles souhaiteraient. La vice-présidente de Nantes Université en charge de la vie de campus, Julie Morère, est convaincue que « les passions aident les étudiants à trouver un sens à leur parcours. Pour cette raison, Nantes Université accorde une place importante à l’engagement étudiant, en se basant sur leurs idées et leurs envies, afin de colorer leur parcours d’un certain plaisir. » 


Trouver de la satisfaction dans le travail

La fameuse question du sens n’est pas absente de l’étude de la CCI. On y apprend que, pour les jeunes, le sens au travail dépend notamment de la satisfaction à l’accomplir, de la possibilité d’y développer des compétences, mais aussi de se sentir utile. Des notions qui ont fait réagir les étudiants présents. Chiara considère ainsi que « l’envie occupe une plus grande place aujourd’hui dans le choix d’un travail ». Et de regretter que « la société n’évolue pas aussi vite que les mentalités des jeunes, qui pensent davantage à ce qui leur ferait plaisir ». Étudiant entrepreneur, Gabin dit trouver davantage de satisfaction en menant des projets concrets, comme son engagement au sein du Bureau des élèves ou dans d’autres projets en marge de ses études, que lors des temps de formation. Pour Lou Anne, il est indispensable que les salariés aient un sentiment d’utilité. Et c’est selon elle à l’entreprise d’impulser ce qui va donner du sens au travail, ne serait-ce qu’en fixant des objectifs. 

Donner du sens, un nouveau paradigme pour les entreprises ?

À la tête d’une PME de 11 personnes, Régis Dréno estime que l’entreprise insuffle du sens en apportant des conditions d’insertion professionnelles favorables, non discriminantes. S’il a évolué dans sa façon de recruter "en privilégiant davantage le savoir-être au savoir-faire ", le dirigeant d’Options Ouest confie qu’il est parfois difficile d’encadrer tout en laissant une grande part d’autonomie attendue par les salarié·es, notamment les jeunes. « Laissez-nous le temps de changer les curseurs ! », demande-t-il. Entrepreneur dans la tech, Alexandre Launay invite volontiers les personnes de son entreprise qui ne se sentent plus en phase à créer leur propre emploi, une voie que lui-même a suivie très tôt. Le fondateur de Stampyt octroie par ailleurs à chacun·e un temps hebdomadaire pour travailler sur un projet qui lui tient à cœur, « source d’épanouissement pour eux et de valeur pour l’entreprise ». 

Pour Arthur Gosset, les dirigeant·es doivent être à même de proposer à leurs futur·es salarié·es la place qui leur correspond, où ils et elles pourront s’émanciper dans le cadre de projets à impact environnemental et social positif. La directrice de l’École de la 2e chance de Nantes et Saint-Nazaire, Khadija Nemri, appelle toutefois à ne pas oublier d’embarquer un public en marge du système, pour qui la question de la transition écologique n’est pas la priorité. Combiner épanouissement et utilité sociale tout en assurant son indispensable subsistance, le travail de demain ?